Les noms des routes de la forêt.

La forêt de Fontainebleau comporte de très nombreux chemins, appelés « routes », on en compte plusieurs centaines. Le mot route est un mot sorti de la forêt, c'est un dérivé du verbe latin rumpere qui signifie effectuer une trouée dans la forêt, aussi bien pour créer une route (via rupta) que pour aménager une aire cultivée. Route, rue, routier, routine, roture et roturier ont la même racine. Roturier désignait à l’origine celui auquel était concédé contre redevance un lot de défrichement (ruptura en latin d’où « roture » en français) et a fini par désigner tout homme assujetti aux redevances seigneuriales, donc, tout non noble.

Presque toutes les routes de la forêt portent un nom qui est inscrit sur une plaque en tôle, la plupart du temps clouée à un arbre, ces noms ont été attribués au cours des siècles. Au moyen-âge, il n’existait que peu de routes qui traversaient la forêt. La principale était la route de Bourgogne, ancienne voie romaine qui longe la Seine. Cette route fut emprunté en 52 av. J.-C. par Titus Labienus, un général de César. Labienus et ses 4 légions, (plus de 20 000 hommes), marchaient contre les Parisii en révolte et mirent le siège à Lutèce. La bataille fut gagné par les Romains, le chef gaulois Camulogène périt les armes à la main face à la septième légion.

Le chemin vers Bourron et son château, dessin d'Antoine-Louis Goblain.

Outre l’ancienne voie romaine, une autres voie de communication importante traversait la forêt, la route de Melun à Orléans. Sur le trajet de celle-ci, vers les Monts Saint-Pères, on retrouva en 1823 divers pièces de monnaies romaines dont une de Trajan, ainsi que des fragments d’amphores, des débris de tuiles et de briques, restes d’une construction gallo-romaine. La présence de cet établissement démontre l’ancienneté de cette route qui constituait au moyen-âge une artère importante de la forêt. C’est sur son parcours que fut élevée en 1300 la Croix Tapereau, la plus ancienne de la forêt, qui porte aujourd'hui le nom de Belle Croix.

La reine Marie-Thérèse d'Autriche se rendant au château de Fontainebleau.
Gravure d'après un dessin d'Adam François van der Meulen.

De nombreux chemins reliaient entre eux les villages limitrophes de la forêt. Dès 1169, il est fait mention d’un chemin de Grez à Samois, puis en 1302 d’un chemin de Melun à Reclose. Bourron était relié à Thomery, Villiers-sous-Grès à Avon, etc... 
Henri IV fit ouvrir la route Ronde, elle permettait à la cour de suivre la chasse du roi. Louis XIV poursuivit les travaux de son grand-père et fit tracer de nombreuses routes de chasse sur environ 600 km. Il entreprit aussi d’élargir et faire paver l’ancien chemin de Chailly à Fontainebleau qui deviendra, bien plus tard, la route Nationale 7. Au tout début du règne de Louis XV, durant la régence, Monsieur de La Faluère, grand maître des Eaux et Forêts de l’Île-de-France, procéda à la première délimitation précise des cantons de la forêt. À cette occasion, il leur attribua des noms qui étaient souvent les noms anciens, ainsi officialisés.

Lettres patentes concernant de nouvelles routes à faire dans la forêt de Fontainebleau.
Données à Marly le 5 février 1725.

Louis XV était un chasseur invétéré, par lettres patentes du 16 mars 1721, il ordonna des nouvelles plantations et l'ouverture de plusieurs routes pour la chasse. Le roi était alors bien jeune et c'est sans doute le comte de Toulouse, Grand Veneur, qui prit ces décisions. En 1725, le roi alors âgé de 15 ans, passe 65 jours à Fontainebleau, principalement à chasser, il ordonna l'ouverture d'une soixantaine de routes. Plus tard, c'est le grand maître des Eaux et Forêts Louis-François Duvaucel qui supervisa l'ouverture de nouvelles routes. Il dépensa d’importantes sommes en rachat d’enclaves, en pavage et embellissements de ces nouveaux chemins. Duvaucel, qui resta en charge de 1745 à sa mort en 1783, finit ruiné. Ces routes sont restées longtemps sans dénomination, l'usage en était interdit en dehors du temps de la chasse, elles étaient coupées par des barrières fermées à clef. Jusqu’à l’année 1729, les noms des rues de la ville de Fontainebleau et ceux des routes de la forêt, n’étaient inscrits que dans la mémoires des habitants. C’est cette année qu’il fut décidé de placer aux angles des rues de la ville et des routes de la forêt des écriteaux indiquant leurs noms.

Une route en forêt de Fontainebleau, 1764. Gravure de Jean Jacques de Boissieu.

Jusqu’en 1835, très peu de routes et carrefours forestier avaient des noms. Afin de faciliter le travail des forestiers et pour aider les premiers touristes, le conservateur des forêts de la liste civile du roi, Monsieur le baron de Sahune, demande de combler cette lacune. Ainsi, plus 800 nouveaux noms furent attribués et peints sur des panneaux.

Les noms des routes de la forêt étaient peints sur des panneaux en bois, à partir de 1862 il furent progressivement remplacés par des panneaux en tôle. De 1899 à 1900, l’administration forestière décida de repeindre la plupart des panneaux. Cette longue entreprise fut en partie financée par l’Association du Touring Club de France. En remerciement, on décida de donner le nom de Carrefour du Touring Club au croisement de la Route Ronde et de la Route de Fleury, actuelle D409. C’est à la même époque que l’on décida de ne plus remplacer les poteaux blancs qui portaient des panneaux. Dorénavant tous les panneaux seront cloués aux arbres.

 Plaine de la Sermaise, parcelle 307.

Le promeneur de la forêt de Fontainebleau découvre un étrange inventaire qui semble bien mystérieux. Un recueil de noms propres, de noms d’animaux, de termes liés à la chasse, au travail de forestier, de noms qui rappellent un fait divers ou un épisode historique. Certains noms gardent une origine inconnue, on ignore par exemple qui pouvait être Amédé, dont la route traverse les Gorges de Franchard. Ces centaines de noms sont comme une étrange anthologie, un florilège de dénominations dont l’amateur d’histoire pourra découvrir l’explication dans l’excellent ouvrage d’Alain Monnier, publié en 2010 et intitulé « Guide des noms de la forêt de Fontainebleau » aux Éditions de la Route Ronde, disponible ici. 

Environ trois cents noms désignent des personnes, de l’Abbé Guenée jusqu’à Zamet, en suivant un ordre alphabétique. Cela représente une grande galerie de personnage divers. Pour commencer cette évocation, voici la famille des Orléans, qui régna de 1830 à 1848.


Dernier roi ayant régné en France avec le titre de Roi des Français, Louis-Philippe d’Orléans est né en 1773 à Paris, au Palais Royal, la demeure familiale. Il est le fils de Louis Philippe Joseph d'Orléans (1747-1793), connu sous le nom de Philippe Égalité et de Louise Marie Adélaïde de Bourbon (1753-1821). Comme son père, il est un partisan de la Révolution française. En 1791, il prend le commandement d'un régiment avec le grade de Colonel et participe aux batailles de Valmy et de Jemappes. Il tente de persuader son père de ne pas participer au procès de Louis XVI. Philippe Égalité vote cependant la mort du roi avant d’être lui-même exécuté le 6 novembre 1793. Durant la Terreur, il rejoint la Belgique et commence une errance à travers l'Europe qui le mènera jusqu'en Laponie.


En 1796, Louis-Philippe voyage dans la jeune république américaine et s'installe à Cuba. Il retourne en Angleterre, avec ses deux frères, au début de 1800. C'est lors d'un voyage en Sicile, en 1809, qu'il épouse Amélie de Bourbon, le couple s'installe à Palerme. Ce n'est qu'après la chute de Napoléon qu'il rentre en France. Sous la Restauration et les règnes de Louis XVIII et de Charles X, la popularité de Louis-Philippe grandit. Il incarne une opposition mesurée à la politique des ultras du royalisme et ne rejette pas l'intégralité de la Révolution française. Louis-Philippe prend garde à se conduire modestement et bourgeoisement. Grâce à Charles X, il est le plus grand des indemnisés de la loi dite du milliard aux émigrés de 1825.

Louis-Philippe, roi des Français, prêtant serment de maintenir la Charte de 1830. 
Attribué à François Gérard, 1831, musée Louis-Philippe, Eu.

En 1830, la révolution des Trois Glorieuses le porte sur le trône de France au grand dam des républicains. Louis-Philippe se fait proclamer roi des Français (et non roi de France qui l'aurait fait Philippe VII) par la Chambre des députés, par la grâce d'une charte valant constitution. Ce nouveau titre, déjà porté par Louis XVI de 1789 à 1792, est une innovation constitutionnelle liant la nouvelle monarchie populaire au peuple. Cette arrivée au pouvoir à la faveur d’un soulèvement populaire vaut à Louis-Philippe l’hostilité des cours européennes et le surnom de roi des barricades ou encore roi bourgeois. Le début de son règne est marqué par une violente répression contre les républicains, ce qui vaudra à Claude-François Denecourt sa mutation à Fontainebleau, en janvier 1832 et son renvoi du poste de concierge du grand quartier de cavalerie trois mois après sa prise de fonction. Quelques années plus tard, le 30 mai 1837, le roi marie son fils, le dauphin Ferdinand-Philippe, avec Hélène de Mecklembourg-Schwerin. La cérémonie a lieu au château de Fontainebleau.

L’accueil de la princesse par le roi au haut de l’escalier en fer à cheval.
Peinture de Jean-Charles Develly sur le meuble commémoratif du mariage du duc d'Orléans. 
Galerie des Assiettes, château de Fontainebleau.

Dix-huit ans après son accession au trône, Louis-Philippe abdique le 24 février 1848, suite à la campagne des Banquets, qui amène le peuple à une nouvelle révolution. Craignant de subir le même sort que Louis XVI, il se déguise et quitte Paris. Voyageant dans une voiture banale sous le nom de Mr. Smith, le roi déchu embarque au Havre en direction de l'Angleterre où il s'installe avec sa famille au château de Claremont. Louis-Philippe meurt le 26 août 1850, dans son lieu d'exil.

Louis-Philippe en 1842, daguerréotype de Jean Claudet et Noël Lerebours.

Carrefour et Route d'Amélie.



Louise-Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, princesse des Deux-Siciles (1782-1866). Marie-Amélie est la sixième fille du roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles et de la reine Marie-Caroline, la sœur ainée de Marie-Antoinette. Le 25 novembre 1809, à Palerme, elle épouse Louis Philippe d'Orléans. Le couple aura dix enfants dont deux mourront avant l'âge de dix ans. Lorsque Louis Philippe devient roi, on raconte qu’à l’annonce de cet évenement, Marie-Amélie aurait dit en larmes : « Quelle catastrophe ! ». Après la révolution de 1848, elle s'exile avec son mari en Angleterre. Elle survit seize ans à Louis-Philippe et s’éteint à l’âge de 83 ans. Un chêne porte son nom sur le sentier Denecourt n°2, voir ici.

La Reine Marie-Amélie par Louis Hersent, Chantilly, musée Condé.


Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897), cinquième et avant-dernier fils de Louis-Philippe. A huit ans, il hérite de la très grande fortune de son parrain, le dernier prince de Condé. Militaire, il participe à la colonisation de l’Algérie et se bat sur le front de plusieurs batailles, avec Mac Mahon, de 1837 à 1847. La prise de la smala d'Abd El Kader par le duc d'Aumale le 16 mai 1843 est un épisode important de la conquête. La Révolution de 1848 renverse son père et le forçe à l’exil, il sera réintégré dans l’armée en 1872 avec le grade de général. En 1873 il préside le conseil de guerre qui juge le maréchal Bazaine qui avait capitulé face à l’armée allemande pendant la guerre de 1870. Bazaine déclarera pous sa défense : « Je n'avais plus de gouvernement, je n'étais dirigé par personne, je n'étais plus dirigé que par ma conscience... », alors le Henri de lui répondre : « La France existait toujours. »

 Henri d'Orléans, Duc D’Aumale, 1843. 
Atelier de Franz Xaver Winterhalter.

« Le duc d'Aumale, il n'y a qu'un mot pour le décrire : c'est le type du vieux colonel de cavalerie légère. Il en a l'élégance svelte, l'apparence ravagée, la barbiche grisâtre, la calvitie, la voix brisée par le commandement » Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 1874.



Adélaïde d'Orléans (1777-1847) est une des sœurs de Louis-Philippe. En décembre 1792, à 14 ans, elle fuit la France pour se réfugier en Belgique. C'est le début d'un long exil. En 1808, elle retrouve son frêre Louis-Philippe en Angleterre, ils seront désormais inséparables. Elle rentrera en France en 1815 après la chute de Napoléon. Elle joue un rôle important durant le règne de son frêre qui l'écoute et suit ses conseils. Victor Hugo dira à son sujet « C’était une femme intelligente et de bon conseils, qui abondait dans le sens du roi sans jamais verser. Madame Adélaïde avait quelque chose de viril et de cordial, avec beaucoup de finesse… Elle avait partagé l'exil du roi, elle partageait un peu son trône. Elle vivait dévoué à son frère, absorbé en lui, ayant pour égoïsme le moi de Louis-Philippe ». Elle meurt le 31 décembre 1847, à l'âge de 77 ans. Elle ne se mariera jamais et n'eu pas d'enfant. Louis Philippe, qui accompagne le cercueil de sa sœur, en ce début du mois de janvier 1848, ne se doute pas que c'est la dernière année de son règne. Adélaïde ne verra pas la chute de son frêre, grâce à la révolution du 24 février 1848, qui mit fin à la royauté en France.

Adélaïde d'Orléans, vers 1820, copie partielle d'un tableau de François Gérard.
L'original situé aux Tuileries, fut détruit en 1848, à la chute de la monarchie de Juillet.


Le 14 mai 1847, Claude-François Denecourt conduit à Franchard la duchesse Hélène d’Orléans, avec ses deux fils, Philippe et Robert agés de 9 et 7 ans. Hélène est veuve depuis cinq ans, elle était l'épouse de Ferdinand-Philippe d'Orléans, le fils aîné de Louis-Philippe Ier. Le dauphin est mort dans un accident de calèche en 1842. Denecourt fait découvrir à la duchesse les merveilles de son sentier qu’il rebaptise pour l’occasion : « Le sentier de la Veuve ». Le lendemain, il fait visiter à Hélène et ses enfants, le sentier du Mont Ussy. Denecourt baptise un charme du nom de la princesse au pied duquel elle s’est reposée, assise sur un rocher. Dans son guide, le sylvain écrit : « Nous aimons à évoquer ce pieux souvenir d’une princesse dont l’existence fut si cruellement éprouvée, et qui a daigné encourager par le don d’un magnifique présent, et, mieux encore, par de bonnes paroles, le culte que nous avons voué à notre chère forêt, et la mission que nous nous plaisons à remplir pour en célébrer les beautés ». Née en 1814, Hélène est la fille de Frédéric-Louis, prince héritier du grand-duché de Mecklembourg-Schwerin, l'un des États constitutifs de la Confédération allemande, sa mère est la princesse Caroline de Saxe-Weimar-Eisenach. Lors de la révolution de février 1848,  après que le roi se soit enfuit, elle part courageusement à l’Assemblée nationale avec ses deux enfants pour faire proclamer l’aîné roi des Français. Mais sa tentative est un échec et l'assemblée proclame la République. Hélène gagne alors l'Allemagne et commence une longue période d'errance. Pendant la seconde République et les débuts du Second Empire, elle continue à réclamer les droits du jeune comte de Paris. Elle meurt en 1858 en Angleterre.

La duchesse d'Orléans, veuve et en exil (1850), 
par Heinrich Pommerencke, collection privée.


La princesse Marie d'Orléans (1813-1839) est la deuxième fille de Louis-Philippe Ier et de sa femme Marie-Amélie. Élève du peintre Ary Scheffer, la princesse Marie est douée d'un talent artistique reconnu qui l'impose comme la première femme sculpteur romantique française, prématurément disparue avant d'avoir atteint ses vingt six ans. Elle est l'auteur des dessins des vitraux de la chapelle Saint-Saturnin au château de Fontainebleau.

Portrait de Marie d'Orléans par Ary Scheffer, 1837, Musée Condé.

Ferdinand-Philippe d’Orléans (1810-1842) est le fils aîné de Louis-Philippe Ier et de Marie-Amélie. Son mariage avec la princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin est célébré le 30 mai 1837 au château de Fontainebleau. Le dauphin meurt le 13 juillet 1842, à la suite d'un accident de voiture à cheval. Sa mort est une catastrophe pour la monarchie de Juillet. Charles de Rémusat, dans ses Mémoires de ma vie, écrivit : « Je ne suis point fataliste et ne veux pas dire qu’à dater du 13 juillet 1842, la monarchie fut irrévocablement condamnée, mais je dis que sans ce jour fatal, elle n’aurait point péri. »

Ferdinand-Philippe d’Orléans par Ingres, 1832, Musée du Louvre.

François Ferdinand d’Orléans, prince de Joinville, est le troisième fils et septième enfant de Louis-Philippe. Il n'a pas encore 12 ans quand son père, après les Trois Glorieuses, devient Roi des Français. À l'âge de 13 ans, il commence son apprentissage dans la marine militaire. Il s'embarque à Toulon, au mois de mai 1831, comme aspirant sur la frégate l'Arthémise. Suivent plusieurs années de voyage à travers le monde et l’Empire français. En 1838 il reçoit le commandement de La Créole, corvette de 24 canons, et s’embarque vers les côtes du Mexique. Il participe au blocus naval du port de Veracruz et prend part à la bataille San Juan de Ulúa. 
 
Le prince de Joinville observant le bombardement de Saint-Jean d'Uloa 
depuis l'arrière de son navire. Horace Vernet, 1841, Château de Versailles.

À son retour, son père le roi le décore de la Légion d'honneur et l'élève au grade de capitaine de vaisseau. En 1840, il participe au transfert en France de la dépouille de l'empereur Napoléon Ier. En 1841, il navigue vers le Brésil dans le but de demander en mariage la princesse Dona, fille de l'empereur Don Pedro Ier, il l’épouse à Rio de Janeiro en 1843. Devenu contre-amiral, il se passionne pour les nouvelles technologies et prend la tête de la commission chargée d'étudier l'organisation d'une marine à vapeur. En 1844, il participe à la guerre franco-marocaine et bombarde le port de Tanger. Lorsqu'éclate la révolution de février 1848, le prince de Joinville se trouve à Alger, avec son frère le duc d'Aumale. Les deux fils de Louis-Philippe s'embarquent pour le Royaume-Uni où ils rejoignent leurs parents en exil. Joinville s’embarque en 1861 pour les États-Unis et participe à la guerre de Sécession dans les rangs nordistes. Revenu en France pendant la guerre de 1870, il est élu député aux élections de 1871. Réintégré dans son grade, il est à nouveau exclu de la Marine par la loi de 1886. Le prince de Joinville meurt à Paris le 16 juin 1900. 

Portrait par Franz Xaver Winterhalter, 1843, Château de Versailles.

Le prince de Joinville perdait beaucoup au jeu. Il avait recours aux services du crédit municipal. Un jour, s’apercevant qu’il ne portait plus la montre à gousset qu’elle lui avait offerte, la Reine Marie-Amélie lui demanda ce qu’il en avait fait.  Pris de court, Joinville répondit qu’il l’avait oublié chez sa tante Adélaïde. La Reine  donna immédiatement l’ordre d’aller chercher la montre de son fils chez sa belle soeur. On ne l’y trouva évidemment pas et le prince, non sans embarras, se vit contraint d’avouer la vérité. La cour fit gorges chaudes de cette anecdote et l'expression « ma tante » resta pour qualifier le mont-de-piété.

Marie Clémentine d’Orléans, également connue sous le titre de mademoiselle de Beaujolais (1817-1907), dernière fille de Louis-Philippe Ier et de Marie-Amélie. En 1843 elle épouse le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary dont elle aura 5 enfants. La princesse Clémentine est une femme d’une grande beauté, brillante et très ambitieuse. Elle considère son mariage comme indigne de son rang. En 1848, la révolution oblige la princesse à quitter la France avec son père et la plupart des membres de la famille royale. Elle s’installe d’abord en Angleterre puis part vivre à Cobourg et enfin à Vienne, où son mari est officier. Réalisant qu’elle ne sera jamais reine, elle concentre ses efforts dans le mariage de ses enfants. Elle réussit à mettre sur le trône de Bulgarie son fils Ferdinand en 1887. Très riche, Clémentine gagne la popularité des bulgares en leur distribuant son argent. Elle réalise une donation qui permet la construction d’une voie ferrée reliant la Bulgarie au réseau européen. Clémentine meurt presque sourde à Vienne, en 1907, à l’âge de 89 ans. Elle est enterrée à Cobourg en Bavière, une surprenante inscription est placée sur sa tombe : « Fille de roi, pas devenue reine, mais mère de roi à présent ».

Marie Clémentine d’Orléans vers 1860. 

Comme son père, Louis-Philippe, devenu duc de Chartres en 1785, est un partisan de la Révolution française. Sous l'influence de sa gouvernante, Madame de Genlis, il entre au club des Jacobins. Entamant une carrière militaire, il prend le commandement en juin 1791 d'un régiment avec le grade de colonel et participe aux batailles de Valmy et Jemappes où il joue un rôle non négligeable. Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l'Étoile.

Le duc de Chartres à Valmy, par Éloi Firmin Féron, 1848.

Sur ce tableau, le futur roi Louis-Philippe est debout, en uniforme de colonel de cavalerie, devant le maréchal de Rochambeau, près du moulin de Saint-Sauve, le 20 septembre 1792. Avec son frêre, le duc de Montpensier, qui est à cheval, ils rendent compte du déroulement de la bataille.



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