Rocher des Demoiselles, sentier Denecourt n°9 ouest.

Autrefois réuni en un, le sentier n°9 est maintenant séparé en deux car la traversée de la D607, (ex N7) n’est plus possible. La partie Est comporte le Rocher de Bouligny. La partie Ouest comporte le Rocher des Demoiselles, le Mont Morillon et ses rochers, voir la carte sur Google map. 

Anciennement l’endroit portait le nom de Rocher aux Putains car le lieu était fréquenté par les péripatéticiennes qui avaient été exclues de la ville. Depuis fort longtemps, la présence de la cour à Fontainebleau y amenait de nombreux essaims de filles légères, qui faisaient leur métier dans les corridors du palais et les allées du parc. L’endroit était déjà connu sous ce nom durant le règne de Louis XIV. Sur la carte générale de la forêt de Fontainebleau, dressée par Bourgault et Matis, arpenteurs ordinaires du roi en 1708, on trouve mention du Rocher aux Putains. Louis XV décida d’interdire l'entrée du château aux filles de joie, elles se réfugièrent alors au rocher qui porte leur nom, afin de continuer à y exercer leur commerce. Plus de trois siècles plus tard, force est de constater que la prostitution est toujours présente au Rocher des Demoiselles.

D’après Charles Colinet, la véritable origine de la dénomination de Putain est due au nom, issu du patois local, donné au cornouiller sanguin, (Cornus sanguinea). Quand la monarchie de Juillet décida de donner un nom aux plus de huit cents allées et chemins de la forêt, on renomma l’endroit : Rocher des Demoiselles. La cour, dans son amusement, décida de placer une « carte du tendre » dans cet endroit si sulfureux, peut-être dans l’espoir d'éduquer le peuple à la préciosité.  

Le sentier fut inventé en 1849 par Eloy Bournet, marchand de fer, quinquallier, serrurier et conseiller municipal à Fontainebleau, ville où il était né en 1802. Bournet était passé maître dans l’art de la serrurerie. Il fut l’inventeur de plusieurs procédés ingénieux, dont un qu’il fît breveter en 1839 sous le nom de serrure de type Bournet. En 1840, il reçoit une médaille d’argent de la part de la Société d’encouragement à l’industrie nationale pour la serrure à bec-de-canne de type Bournet qui permet d’ouvrir une porte en tournant la poignet à droite comme à gauche.

 Le rocher des Demoiselles à la fin du XIXe siècle.

Denecourt reconnait immodestement la création de Bournet, il écrit dans son Guide du voyageur et de l’artiste à Fontainebleau, sixième édition, publié en 1850 : « Cette promenade doit aujourd’hui sa vogue à notre digne émule, M. Bournet, qui, à l’aide de nos indications, à l’aide de nos conseils comme de notre appui près de l’Administration forestière, est parvenu à ouvrir par là un sentier des plus curieusement accidenté. Mais une chose regrettable dans cette œuvre qui a coûté à M. Bournet huit mois de rudes et laborieux travaux, c’est d’y rencontrer trop visiblement, trop désagréablement, des traces de l’exploitation des grès, et aussi trop fréquemment des inscriptions dont le choix, plus ou moins heureux, n’ajoute pas toujours au charme de la promenade. » Où l’on voit que les graffitis disgracieux en forêt ne datent pas d’aujourd’hui. Denecourt reconnaitra ensuite la participation de Bournet lors de la création du sentier du Rocher d’Avon et celui du Fort des Moulins. La promenade du Rocher des Demoiselles devint rapidement impraticable du fait des nombreuses carrières de grès, comme le constate tristement Denecourt en 1855, le sentier fut restauré par Charles Colinet en 1879.

Rocher d’Estelle et Némorin (K).

Estelle et Némorin est un mélodrame pastoral occitan écrit par Jean Pierre Claris de Florian (1755-1794). L’histoire fut mise en musique et présentée pour la première fois à Paris au théâtre de l’Ambigu-Comique le 25 juin 1788. En 1823, Hector Berlioz composera un opéra d’après l’oeuvre de Florian, il abandonnera le projet jugeant la partition « ridicule ». Toutefois, une mélodie de cette oeuvre, jugée médiocre par son auteur, fut reprise dans « La Symphonie Fantastique »

Image d’Épinal illustrant l’histoire d’Estelle et Némorin.

Rocher du Vert Galant (L).


Vert galant est une expression qui désigne un homme entreprenant malgré son âge, c’était le surnom du roi Henri IV. De nombreux endroits portent ce nom, squares, quartiers, forts, boutiques, cafés, restaurants ...

Portrait d’Henri IV, château de Fontainebleau.

Retraite de Calypso (M).



Calypso est une nymphe de la mer de la mythologie grecque. Dans l’Odyssée, elle recueille Ulysse après son naufrage et tombe amoureuse de lui. Elle réussit à le retenir sur son île pendant sept ans, lui offrant même l'immortalité s'il consent à rester près d'elle. Mais Zeus envoie son fils Hermès avec l'ordre de relâcher Ulysse. Calypso le laissera partir achever sa quête.

Peinture d’Arnold Böcklin, 1883, Kunstmuseum (Bâle).

Belvédère de Marie Stuart (N).



Marie Stuart (1542-1587) fut souveraine du royaume d’Écosse et reine de France. Elle n’a que cinq ans et demi lorsqu’elle débarque en France en 1548. Son éducation est sous la direction de Diane de Poitiers, la jeune Marie est initiée à la langue française par le poète Pierre de Ronsard. Durant sa jeunesse, elle séjourne à plusieurs reprises au château de Fontainebleau où elle apprend à monter à cheval. En 1558, elle épouse le dauphin de France, François II, à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le contrat de mariage comporte une clause secrète qui prévoit le rattachement de l’Écosse à la France, même dans le cas où le couple n’aurait pas d’enfant. En Angleterre, une série d’événements fait que Marie Stuart peut se prétendre héritière du trône, son beau père le roi de France Henri II en profite immédiatement et la déclare reine d'Angleterre, d'Irlande et d'Écosse. À Londres, c’est Élisabeth Ier qui monte sur le trône, le conflit est alors ouvert entre les deux femmes.

Marie Stuart en 1555, âgée de treize ans, 
pendant son séjour en France, par François Clouet.

Après la mort accidentelle d’Henri II lors d’un tournoi, le jeune François II accède au trône sous la tutelle de sa mère Catherine de Médicis. La France a la main mise sur le royaume d’Écosse malgré la forte pression militaire de l’Angleterre. Cette présence prend fin en 1560 suite au traité d'Édimbourg signé sous la contrainte par les envoyés du roi de France. L’Écosse bascule dans le protestantisme, François II, sous la domination de sa mère, refuse de signer le traité. Après un règne que ne dure qu’un an et cinq mois, le roi meurt à l’âge de 16 ans. Devenue veuve, Marie Stuart décide de rentrer en Écosse en 1561 pour y régner. Les intrigues de la cour, ses deux maris successifs qui la manipule, les troubles entre catholiques et protestants, le pouvoir de Marie sur son pays est malmené. En 1567, elle est prisonnière d’une conjuration de noble écossais et elle abdique le trône en faveur de son fils Jacques, alors âgé d'un an. Marie s’évade et lève une armée pour reconquérir son trône, espoir perdu suite à la bataille de Langside le 13 mai 1568. Elle s'enfuit en Angleterre où elle est emprisonnée par Élisabeth, Marie prononce alors cette phrase célèbre « En ma Fin gît mon Commencement », qu'elle brode sur sa robe. Prisonnière pendant 18 ans, elle est finalement condamnée à mort pour cause de complot dans la conspiration catholique de Babington visant à assassiner la reine protestante Élisabeth Ier. Elle est exécutée le 8 février 1587. Le bourreau, ivre, doit s'y prendre à trois reprises pour lui trancher la tête à coup de hache.

Marie Stuart lors de sa captivité en Angleterre, 
portrait attribuée à Nicolas Hilliard, 1578.
National Portrait Gallery, London.

Après la mort du jeune roi François, le 5 décembre 1560, Marie Stuart séjourne quelque temps à Fontainebleau. Le poète Pierre de Ronsard voit errer dans les jardins du château la jeune veuve âgée de dix-huit ans. Marie est mélancolique et Ronsard nous la montre enveloppée « d’un crêpe long, subtil et délié » et lui adresse de beaux vers dont voici quelques-uns :

De tel habit vous étiez accoutrée
Partant, hélas, de la belle contrée
Dont vous aviez le sceptre dans la main,
Lorsque pensive et baignant votre sein
Du beau cristal de vos larmes roulées,
Triste, marchiez par les longues allées
Du grand jardin de ce royal château
Qui prend son nom de la beauté d'une eau ...

Pin maritime remarquable.


Mare aux Salamandres.





La salamandre est un animal légendaire qui était réputé vivre dans le feu et ne mourir que lorsque celui-ci s'éteignait. Mentionnée pour la première fois par Pline l'Ancien, la salamandre devint une créature importante des bestiaires médiévaux ainsi qu'un symbole alchimique et héraldique auquel une profonde symbolique est attachée. François Ier choisit la salamandre comme symbole avec la devise : « Nutrisco et extinguo », littéralement : « Je nourris et j’éteins », ce qui veux aussi dire : « Je nourris le bien et j’éteins le mal ».

Salamandres ornant les lambris de la Galerie François Ier, 
réalisées par Scibec de Capri en 1539.
 
mare des Salamandre, forêt de Fontainebleau
Petit temple de Cythère (O).


Cythère est une île grecque de la mer Égée, île dont les eaux ont vu naître la déesse Aphrodite avant qu’elle ne soit poussée par le Zéphir vers Chypre. Une Cythère rêvée a inspiré les peintres et les poètes, ils voyaient l'île comme une utopie du jardin d’Éden. Cette roche étrange était autrefois nommée par Denecourt le Petit Temple des Druides.

 
Détail de « La naissance de Vénus » de Sandro Botticelli, vers 1485. 
Galerie des Offices, Florence.

Petit Chaos des Demoiselles (P).


Grotte Bournet (Q). 


Eloi Bournet est l'inventeur du sentier des Demoiselles.

Ancienne carrière de grès.

La Loge aux Carriers (R).


Tronc Pétrifié (S).

Roche Cléopâtre (T).

Cléopâtre est un prénom féminin grec qui signifie la gloire du père. De nombreux personnages portent ce nom dans la mythologie grecque et dans l'Égypte antique. La plus célèbre est Cléopâtre VII, connue pour ses relations avec Jules César et Marc Antoine.

Cléopâtre par Guido Reni (1575-1642), The Royal Collection.

Cirque des Demoiselles (V).





Abri du Satyre (X).


Les satyres sont des créatures de la mythologie grecque. Associés aux ménades, ils forment un cortège qui accompagne le dieu Dionysos. Ils peuvent aussi s'associer au dieu Pan.

« Les Nymphes et le Satyre » par William Bouguereau, 1873. 
Sterling & Francine Clark Art Institute.

Grotte de Circé (Y).

Dans la mythologie grecque, Circé est une déesse et une sorcière très puissante, propres à opérer des métamorphoses. Homère la qualifiait « d’experte en de multiples drogues ou poisons ».

La Magicienne Circé par Gian Domenico Cerrini, 17e siècle, collection privée.

Roche d’Andromède (Z).


Dans la mythologie grecque, Andromède est une princesse éthiopienne. Fille du roi Céphée d'Ethiope, elle est victime de l'orgueil de sa mère Cassiopée. Exposée nue sur un rocher pour y être dévorée par un monstre marin, elle est sauvée de justesse par Persée dont elle deviendra l'épouse.

Andromède par Gustave Doré, 1869, collection particulière.

Roche de Persée (A).


Persée, roi d'Argos, est l'un des plus grands héros de la mythologie grecque. La légende de Persée, en particulier les épisodes de Méduse et d'Andromède, a connu une grande fortune après l'Antiquité. Il est possible qu'elle ait influencé les légendes chrétiennes des saints pourfendeurs de dragons, comme celle de Saint-Georges. 

Persée et Andromède, par Giorgio Vasari (1511-1574), Florence, Palazzo Vecchio.

Grand Point de Vue des Demoiselles (B).

Roche de Prométhée (C).



Dans la mythologie grecque, Prométhée est un Titan, c’est-à-dire une des divinités primordiales qui a précédé les Dieux de l'Olympe. Il est le fils de Japet et de Thémis et frère d'Atlas, Ménétios et Épiméthée. Selon certaines versions du mythe, Prométhée aurait créé les hommes à partir d'eau et de terre et Athéna leur aurait donné le souffle de vie. Son frère Épiméthée avait déjà donné aux animaux tous les dons qu’il pouvait, force, rapidité, courage et ruse ; poils, ailes ou coquilles, et ainsi de suite. Promothée donne alors aux hommes le pouvoir de se tenir debout et surtout il leur offre le feu qu’il est allé chercher sur le soleil, Il enseigne aussi aux humains la métallurgie ainsi que d'autres arts. Zeus commence à voir tout cela d’un mauvais œil et après que Prométhée l’ai floué au cours du partage d’un taureau sacrifié, il lui inflige un supplice : Héphaïstos (Vulcain) l'enchaîne nu sur le mont Caucase, pour que chaque jour un aigle vienne lui dévorer le foie, qui repousse sans cesse. Ce supplice dure sans espoir de délivrance, jusqu'au jour où Héraclès tue l'aigle et libère le condamné. Zeus pardonnera à Prométhée, reconnaissant de lui avoir prédit que s’il avait épousé Thétis, le fils qu’ils auraient eu ensemble aurait été plus puissant que lui et l'aurait détrôné.

Vulcain enchaînant Prométhée par Dick van Barburen, 1623. Rijksmuseum, Amsterdam.

Roche du Roi d’Yvetot (D).


Le Roi d’Yvetot est une chanson de Pierre-Jean de Béranger créée en 1813. C’est aussi le tire d’un opéra d'Adolphe Adam créé en 1842 et d’un ballet de Lucien Petipa créé à l'Opéra de Paris en 1865. Béranger remporta un grand succès au XIXe siècle. Ces compositions furent reprises par les chanteurs des rues et dans les goguettes de Paris, il inventa un style qui existe toujours. Né à Paris en 1780, il compose de nombreuses chansons sous le Premier Empire. Durant la Restauration, il écrit des chansons contestataires, contre la Monarchie et pour la République, qui lui valent d’être emprisonné deux fois, en 1821 et 1828. Après la Révolution de 1848, il refuse toutes les offres d’emploi que lui propose la Seconde République. Il meurt à Paris en 1857, couvert de louanges par de grands écrivains comme Chateaubriand, Goethe, Sainte-Beuve, Sue... Les chansons de Béranger sont toujours reprises de nos jours. En 1854, Béranger écrit à Denecourt : « A deux âges bien différents de ma vie, j’ai vu Fontainebleau. Enfant, j’ai habité Samois, et, vieillard, j’ai passé une année dans Fontainebleau même. Sans le voisinage de la cour et le monde qu’elle y attire, j’y serais sans doute encore. » 


Portrait de Béranger par Ary Scheffer, musée Carnavalet.

Rocher du Marcassin (E).




Le Rocher du Marcassin et le Rocher du Roi d’Yvetot, en haut à gauche.

Sur le sentier.


Le Repos du Gladiateur (F).

 Le repos du gladiateur par François-Xavier Fabre, 1789, Musée Fabre, Montpellier.

Vue vers l'est à partir du rocher du Gladiateur.

Passage de Silène (G).

 Dans la mythologie grecque, Silène est un satyre, père adoptif et précepteur du dieu Dionysos.

Le Satyre enivré ou le rêve de Silène, estampe de Frans van den Wyngaerde, d’après Rubens.

Rocher des Gorgones (H). 

Les Gorgones sont, dans la mythologie grecque, des créatures fantastiques malfaisantes et d'une telle laideur que quiconque ose les regarder en plein visage meurt pétrifié. Homère parle des Gorgones dans l’Odyssée comme étant des monstres des Enfers. Elles sont trois sœurs : Sthéno, Euryale et Méduse, la plus célèbre. Seule Méduse est mortelle et elle sera tuée par Persée qui la décapite. Du sang de Méduse jaillissent deux fils, Chrysaor et Pégase, le cheval ailé. Persée offre la tête de Méduse à Athéna que la déesse fixe sur son bouclier.
La tête de Méduse par Wilhelm Trübner, 1891. Neue Pinakothek, Munich.

Roche de l’Ogre (I).


Cachette du Petit-Poucet (J).


Le Petit Poucet est un conte appartenant à la tradition orale, retranscrit et transformé par Charles Perrault en France et paru dans Les Contes de ma mère l'Oye, en 1697.

Illustration de Gustave Doré, 1867.

Rendez-vous des Fiancés (K).

Oeil de Polyphème (L).

Dans l’Odyssée. Ulysse et ses compagnons mettent pied à terre au « pays des Cyclopes ». Ces étranges créatures avec un seul œil ne pratiquent pas l'agriculture, ce sont des pasteurs, mangeurs de fromages et de viande. Ils n'ont aucune organisation politique, mais vivent en formations familiales : « Chez eux, pas d'assemblée qui juge ou délibère; mais au creux de sa caverne, chacun, sans s'occuper d'autrui, dicte sa loi à ses enfants et femmes. » (Odyssée, IX, 112-115). Ces êtres sont aussi d'horribles anthropophages. Ulysse et un groupe de compagnons  s'aventurent dans une large grotte, là ils y trouvent une abondance de nourriture, ils se servent et festoient. Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'ils sont dans l'antre de Polyphème qui les enferme, profitant de l'occasion pour en dévorer plusieurs. Ulysse donne à Polyphème une barrique de vin, une fois le géant ivre et endormi, Ulysse et ses hommes utilisent un pieu durci au feu et crèvent l'œil du géant. Le lendemain matin, Ulysse et ses hommes s’accrochent sous les moutons de Polyphème, lorsque le Cyclope sort ses moutons pour les mener au pâturage, les hommes sont transportés hors de la caverne. Polyphème désormais aveugle ne peut les voir. Cet épisode semble être l'une des raisons de l'acharnement de Poséidon contre Ulysse, Polyphème étant le fils de Poséidon et de la muse Thoosa.

Polyphème dévore les compagnons d'Ulysse, gravure d’Antonio Tempesta, 1606. BNF.

Passage d’Ulysse.




Héros légendaire du cycle Homèrien de l’Illiade et l’Odyssée, Ulysse est le roi d'Ithaque. Époux de Pénélope, leur fils Télémaque est à peine né quand on vient le chercher pour la guerre contre Troie. Il tente d'abord d'y échapper en feignant la folie avant d'être démasqué. Ni très fort ni très brave comme Achille, mais intelligent et rusé, Ulysse s'illustre comme inventeur du stratagème du cheval de Troie qui permet aux Achéens de prendre la citée. Le héros a d’autres qualités, l’endurance et la curiosité ce qui lui permet d’affronter les épreuves de l'Odyssée. La guerre de Troie ayant pris fin, Ulysse erre dix ans sur la mer après avoir provoqué le courroux de Poséidon. Durant cette aventure lui et ses compagnons de voyage rencontrent de nombreux personnages mythologiques, comme la nymphe Calypso, la princesse Nausicaa, les Cyclopes, la magicienne Circé et les sirènes. Leurs exploits deviendront un modèle pour les colons grecs et tous les explorateurs. C'est profondément transformé par la guerre et l'errance qu'Ulysse rentre à Ithaque. Il veut retrouver la vie simple d'un homme, sa femme, sa famille, son foyer. Une dernière épreuve l'attend, la trahison de ses proches pendant sa longue absence. Une fois restaurée son autorité, il pourra vieillir heureux loin des errances de la mer. On peut trouver dans les aventures d’Ulysse un enseignement sur l'âme humaine, les monstres qu'il affronte représentent les plaisirs et les vices vaincus par la sagesse. Il est le symbole de l'homme accompli, dont le modèle se substitue à celui d'Achille, car Ulysse incarne ce qui avant tout fait l'homme grec : la curiosité.

Ulysse et Pénélope par Francesco Primaticcio (1504-1570), Toledo, Museum of Art.

Rocher de Diane (M).



Diane est très tôt devenue la déesse de la chasse et de la lune dans la mythologie romaine, après son assimilation à la déesse Artémis du panthéon grec. Elle est la fille de Latone et de Jupiter, sœur jumelle d'Apollon dieu de la musique et du soleil. Diane conçut une telle aversion pour le mariage, qu'elle demanda et obtint de son père la grâce de garder une virginité perpétuelle. Quand Apollon (le Soleil) disparaît à l'horizon, Diane (la Lune) resplendit dans les cieux et répand discrètement sa lumière dans les profondeurs mystérieuses de la nuit. Ces domaines sont les forêts, les clairières et les sources. Tous les lieux entre deux univers, entre la sauvagerie et la civilisation, car c'est elle qui règle le passage d'un monde à l'autre. À l'époque moderne, les princesses étaient volontiers représentées en Diane.

 
Diane désarmant Cupidon, Pompeo Girolamo Batoni 1761. 
Metropolitan Museum of Art, New York.

Roche Volante (N).


Agneau des Demoiselles (O).

Ancienne carrière de grès.
 

 Rocher Levassor (P).

Pierre Levassor était un « acteur comique, né à Fontainebleau le 22 janvier 1808, il hésitait, assure-t-on, entre le séminaire et le théatre, lorsque sa famille le plaça dans le commerce. En 1830, il prit un engagement au théâtre des Nouveautés, dont la fermeture presque immédiate lui permit à peine de créer quatre ou cinq rôles. Rentré dans le commerce, il dut à Déjazet de débuter au Palais-Royal, où il acquit en quelques mois une rapide célébrité. Il resta presque toujours à cet excellent théâtre. En dehors de tous ses rôles, Levassor a chanté au Palais-Royal, la plupart des chansonnettes et parodies devenues populaires, c’est même par ce côté de son talent qu’il est le plus connu à l’étranger. Levassor est mort en 1869. » Denecourt, 18e édition, 1875. Voir aussi la grotte Levassor au Rocher d’Avon.

Pierre Levassor, gravure par M. Adolphe, 
publiée dans la Galerie de la Presse.

Roche qui Tremble (Q).

Sur le sentier.

Grotte des Demoiselles (R).


Rocher des Sirènes (S).

Une sirène par John William Waterhouse, 1901.

Glissières des Demoiselles (T).



Rocher de Marie-Virginie Menier (U).

Donatrice de la souscription de Charles Colinet, dont la générosité permit l’amélioration de ce sentier en 1879.

L’Hippopotame (V).

Chemin du retour par la Route de Valmy.


La bataille de Valmy est une victoire décisive des armées de la Première République française lors de la guerre de la Première Coalition ayant suivi le renversement de la monarchie. L’armée prussienne, forte de plus de 100.000 hommes, est commandée par le duc de Brunswick, elle marche sur Paris, accompagné par des milliers d’émigrés français espérant abattre le nouveau régime. Les deux armées françaises sont largement inférieures en nombre, environ 24.000 hommes, mais possèdent une solide artillerie, réorganisée par Gribeauval, elles sont commandées par les généraux Kellermann et Dumouriez. La bataille a lieu le 20 septembre 1792, près du village de Valmy, à l'est de Paris, en Champagne-Ardenne. Les premiers obus prussiens détruisent les caissons de munitions français, semant un grand désordre. La troupe commence à prendre peur, Kellerman donne l’ordre de charger à la baïonnette et les Français s’élancent en poussant une immense clameur « Vive la nation », on chante la Marseillaise au son des tambours. Devant la charge française, les Prussiens font rapidement retraite, puis en fin de journée, ils se lancent dans une contre attaque qui est vivement repoussée. Le soir, la victoire est acquise, c’est le « miracle de Valmy ». La conséquences de la bataille est l’évacuation du territoire français par l’armée coalisée. En 1822, l’écrivain allemand Goethe, qui a assisté à la bataille, déclare avoir prononcé alors ces mots prophétiques : « D’aujourd’hui et de ce lieu date une ère nouvelle dans l’histoire du monde ». 

La bataille de Valmy par Jean-Baptiste Mauzaisse 
d’après le tableau d’Horace Vernet, 1835, Château de Versailles. 


Sentier des Demoiselles, la promenade des poètes.

Le 11 mai 1862, Emmanuel des Essarts et Stéphane Mallarmé, organisent une promenade au Rocher des Demoiselles, à laquelle participent plusieurs de leurs amis. Pour l’occasion les deux poètes composent un poème afin de conserver le souvenir de cette belle journée.


Emmanuel des Essarts et Stéphane Mallarmé en 1896 par Nadar.

« Le carrefour des Demoiselles ou l’absence du lancier, ou le triomphe de la prévoyance (ou Monsieur Mallarmé dans la forêt). Fait en collaboration avec les Oiseaux, les Pâtés, les Fraises et les Arbres. » 

C'était une illustre partie
Des gens bien vêtus et bien nés
Neuf parisiens sans apathie
Intelligents et vaccinés.

Quoique l'on fut mélancolique
Il y a mankate et le lancier
On mit sur un granit celtique
Un anathème et l’épicier.

Tous gambadaient comme des chèvres
De bloc en bloc, de roc en roc ;
Les mots mazurkaient sur les lèvres,
Tantôt tic-tac, tantôt toc-toc.

Pour l'aspic et pour la vipère
On ménageait de l'alcali,
On ne rencontra qu'un notaire
Qui, tout jeune, était bien joli.

Le Denecourt, le Siècle en poche,
Dispensateur du vert laurier,
A peint en noir sur une roche :
Repos du Poète ouvrier.

Voici l'émerveillante liste
Léguée à la postérité
De cette bande fantaisiste
Bien peu dans sa majorité

Un jeune baby d'espérance
Que parmi les sombres halliers
D'un oeil d'amour couvait la France
Comme l'enfant des chevaliers.

D'aimables mères de famille
Qui se réjouissaient de voir
Du soleil aux yeux de leurs filles
Et des messieurs sans habit noir.

Fort mal noté par les gendarmes
Le garibaldien Mallarmé
Ayant encor plus d'arts que d'armes
Semblait un Jud très alarmé.

Ettie, en patois Henriette,
Plus agile que feu Guignol,
Voltigeait comme une ariette
Dans le gosier d'un rossignol ;

Dans le sein de cette algarade
S'idyllisait le Cazalis,
Qui, comme un chaste camarade,
Tutoyait l'azur et le lis ;

Puis, une Anglaise aux airs de reine
A qui Diane porte un toast,
Qu'Albion envoie à Suresne
Sous la bande du Morning-Post ;

Piccolino, le coloriste,
Qui pour parfumer nos vingt ans
Pille comme un vil herboriste
L'opulent Ècrin du printemps

Nina qui d'un geste extatique
Sur le dolmen et le men-hir
Semblait poser pour la Musique,
La musique de l'avenir;

Puis des Essarts Emmanuelle,
Le plus beau des jeunes rimeurs,
Offrait le fantasque modèle
D'un poète ayant gants et moeurs.

Mais Ponsard qui veut qu'on s'ennuie
Vint lui-même installer aux Cieux
Le Théramène de la pluie,
Personnage silencieux.

Puis l'heure leur coupa les ailes
Et, tout boitant et s'accrochant,
Du Carrefour des Demoiselles
On fit un lac en pleurnichant.