Le Bas-Bréau

La futaie du Bas-Bréau, « nid d’amour » des peintres de Barbizon.

Sur ce sentier nous irons à la découverte de nombreux arbres remarquables avec un des deux plus gros chênes de la forêt de Fontainebleau. Le mot Brau est issu du vieux français et signifie boue, ce qui a donné naissance à bourbier, caractéristique d'un domaine situé près d'un marécage. Le Bréau est le nom d’un ancien fief seigneurial cité, dans un registre royal de 1270, autorisant les paysans des hameaux environnants à y envoyer leurs porcs se nourrir. Transformé au XVIIe siècle en futaie, l’endroit fut très fréquenté par les peintres de l'école de Barbizon, ils y trouvaient le motif si recherché grâce aux arbres remarquables de l’endroit.

Ancien plan du Touring Club de France, édité en 1918, le tracé bleu est celui décrit dans cet article.

Gravure tirée du guide d'Adolphe Joanne, 1867.

Départ Carrefour de l'Épine.
Le Carrefour l’Épine fut ainsi ainsi nommé à cause d’un buisson d’aubépine qui en occupa le centre pendant plus d’un siècle et qui a disparu lors de l’élargissement de l’ex route Nationale 7, après la Première Guerre mondiale. Adolphe Retté écrit à son propos, dans son ouvrage intitulé Dans la forêt, publié en 1903 : « Il est rare qu’un arbuste de cette espèce vive aussi longtemps. Celui-ci, malgré sa vieillesse, est demeuré magnifique : son tronc rugueux a plus de la grosseur du bras ; ses branches supportent une profusion de feuilles. Au printemps, lorsqu’il est en fleurs, il éblouit comme une grosse boule de neige que le soleil renonce à faire fondre. Le parfum amer qu’il répand autour de lui embaume tout le carrefour. Mais en août, il s’assombrit ; des figures bizarres se dessinent dans le lacis de ses ramilles. Je le saluai en passant, car il sied de rendre hommage à de tels patriarches où se condense l’âme vivace du monde végétal. »

Aubépine Monogyne.

Côté ouest du parking du Carrefour l’Épine, on trouve plusieurs aubépines monogynes. Le nom scientifique de l'Aubépine monogyne est Crataegus monogyna. Crataegus viendrait du grec kratos, signifiant « force », par allusion à la dureté de son bois, le terme monogyna provient de monogunus, « à un seul ovaire », le fruit de l'aubépine monogyne n'a qu'un seul noyau, sa fleur un seul style.

Route des Artistes.



Hêtre remarquable. 

 Hêtre remarquable (fagus sylvatica), 396 cm de tour en 2016.

Hêtre remarquable. 

Hêtre remarquable (fagus sylvatica), 396 cm de tour en 2016.

Alisier de Fontainebleau.


L'Alisier de Fontainebleau ou Sorbier à larges feuilles (Sorbus latifolia) est un petit arbre du genre des Sorbiers et de la famille des Rosacées. Il est considéré comme une espèce d'origine hybride fixée de l'Alisier torminal et de l'Alisier blanc. C'est un des rares arbres qui est protégé sur l'ensemble du territoire national français (suivant l'Arrêté du 20 janvier 1982). L'Alisier de Fontainebleau peut atteindre une hauteur de 15 mètres, son écorce est grise, lisse, devenant brunâtre et plus rugueuse avec l'âge, il peut atteindre jusqu'à 150 cm de circonférence pour les plus vieux sujets. Ses petits fruits rouge brunâtre, farineux, se consommait autrefois blets (dont la chair s’est ramollie et tachée, sans être encore gâtée), comme les fruits des poiriers et pommiers sauvages, des néfliers, sorbiers et cormiers que l'on nommait blessons au Moyen Âge.

Chêne remarquable.

 Chêne sessile, 406 cm de tour en 2016.

Le trident.

Hêtre remarquable à trois tige en forme de trident.

Croisement route Théodore Rousseau.

Peintre emblématique de l'École de Barbizon, voir notre biographie de Rousseau ici.

Théodore Rousseau « Chêne au Bas-Bréau » 1864, Boston Museum of Fine Arts.

Chênes remarquables.

Deux chênes sessile remarquables, 345 et 420 cm de tour en 2016.
  
Croisement route des Peintres.


Carrefour du Bas-Bréau.




Le 23 juin 1863, l’empereur Napoléon III déjeune à la buvette du Bas-Bréau, comme le relate un reportage publié dans Le Monde Illustré. L'ancienne buvette du Bas-Bréau est devenue le restautant de la Caverne aux Brigands.

Ancien sentier Denecourt.
Du carrefour du Bas-Bréau, partait autrefois le sentier inventé par Denecourt. Aujourd'hui, ce sentier a disparu et les arbres remarquables qui s'y trouvaient on tous été coupé, de nouvelles plantations les ont remplacés. Nous donnons la liste de ces anciens vénérables pour mémoire.


Le Caravagio, hêtre de plus de 5 mètres de tour, tombé en 1935. Baptisé par Denecourt en hommage au peintre italien Michelangelo Merisi da Caravaggio, en français le Caravage (1571-161). Après ce hêtre à la taille exceptionelle, les promeneurs pouvaient admirer les arbres suivants : le Pérugin en hommage au peintre italien Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (c.1488-1523). Le Luis de Moralès (1509-1586), peintre espagnol. Puis le chêne de Célestin Nanteuil (1813-1873), peintre, graveur et illustrateur français lié au mouvement romantique, ami intime de Victor Hugo. Il finit ses jours à Marlotte, dans la maison d'Abel Orry de Sainte-Marie.

 Célestin Nanteuil, photo par Nadar.

Juste avant le croisement avec la Route du Bas-Bréau, se trouvait autrefois le chêne de Diaz, aujourd'hui disparu. De nos jours, une centaine de mètres vers l'est sur la route du Bas-Bréau, se trouve un bel et grand chêne de près de 400 cm de tour. Ce chêne prend le relais de l'ancien, en hommage au célèbre Narcisse Díaz de la Peña (1807-1876), peintre de l’école de Barbizon où il vécut de 1837 à 1862.

Le nouveau chêne de Diaz.

Narcisse Díaz de la Peña (1807-1876).

« La tempête » Díaz de la Peña, 1871, The National Gallery, Londres.

« Les hauteurs du Jean de Paris » Díaz de la Peña, 1867, Musée d’Orsay.

Croisement Route du Bas-Bréau.


L'ancien sentier de Denecourt poursuivait sa route vers le nord, croisant d'autres arbres remarquables, aujourd'hui disparus, en voici la liste :

Charles Edme Saint-Marcel (1819-1890), peintre de l'École de Barbizon.
Charles-François Daubigny (1817-1878), peintre de l'École de Barbizon.

Charles-François Daubigny, photo par Pierre Petit.

Théophile Gautier (1811-1872), écrivain.
Il donna à Denecourt le surnom de « Sylvain de la forêt de Fontainebleau ».

Théophile Gautier, photo par Nadar, vers 1855.

Félix Ziem (1821-1911), peintre de l'École de Barbizon.

Félix Ziem, c.1865, photo par Carjat.

Croisement Route Marie-Thérèse.

Un peu plus loin sur le Route Marie-Thérèse, on trouve un merisier et un pommier remarquables.

 Merisier et pommier remarquables, route Route Marie-Thérèse, parcelle 701.


Route du Briarée.




Chêne de Félix Herbet.


Félix Herbet (1847-1917) avocat, historien, maire du VIe arrondissement de Paris, auteur de nombreux ouvrages sur Fontainebleau et du fameux Dictionnaire historique et artistique de la forêt de Fontainebleau, paru en 1903. Une rue de Fontainebleau porte son nom. Avec 610 cm de tour, ce chêne est un des deux plus anciens de la forêt de Fontainebleau, son âge est d'environ six siècles.

Félix Herbet.

Le chêne et le merisier.


Chêne de Championnet.


Jean Étienne Vachier, dit Championnet (1762-1800) est un général français qui se distingua particulièrement à la bataille de Fleurus en 1794. Ce chêne de 500 cm de tour est âgé d'environ cinq siècles.

Le général Championnet, portrait par H. Rousseau.

Chêne de Karl Bodmer.

Karl Bodmer, graphiste, lithographe, photographe, dessinateur, illustrateur et peintre, né à Zurich en 1809 et mort à Barbizon en 1893. Ami des peintres Théodore Rousseau et Jean-François Millet, il s’installe à Barbizon en 1849. Il réalisera un grand nombre de dessins et de toiles sur le thème de la forêt. Ce chêne de 470 cm de tour est âgé d'environ 450 ans.

 « Chêne au Bas-Bréau » par Karl Bodmer, Boston Museum of Fine Arts.

« Au Bas-Bréau à Fontainebleau » par Karl Bodmer.

Sur la Route du Briarée.



Le Briarée.


Au milieu d'une petite clairière, se trouvait un des plus célèbre chêne de la forêt, le Briarée. Nommé par Denecourt du nom d’un des fils du Ciel et de la Terre, Ouranos et Gaîa, Briarée est un Hécatonchires. Avec ses deux frères, Gyès et Cottos, il cent bras et cinquante têtes qui crachent du feu, ils sont les frères des Titans et des Cyclopes. Briarée est l'un des cinq géants cités par Dante dans la Divine Comédie, enchaînés dans les Enfers, il y est représenté comme malfaisant, alliant la ruse et la raison à la force.

Le chêne Briarée fut débaptisé par l’administration forestière, pour complaire au pouvoir, et appelé le Bouquet de l’Empereur jusqu’à la fin du Second Empire. Après le désastre de Sedan, il reprit son nom et s’écroula sous les coups d’un fort coup de vent au début de l’année 1899. La circonférence du Briarée était de 630 cm à hauteur d’homme, relevé par Alexis Martin dans sa « Promenade dans le Gâtinais », 1895, ce qui faisait de lui l'un des plus gros chênes de la forêt avec le Jupiter, le Pharamond et le Charlemagne. Karl Bodmer et Gustave le Gray l'on photographié avant sa chute.

En suivant la Route du Bornage, nous arrivons à deux chênes pédonculés remarquable.

 Chêne pédonculé de 360 cm de tour (photo de gauche) et de 320 cm de tour, (photo de droite).

Route François Millet.

Jean-François Millet, artiste peintre emblématique de l'École de Barbizon, voir notre biographie, ici.

Croisement Route Mazette.



Carrefour du Bas-Bréau.



Route Marie-Thérèse.


Route ouverte par arrêt du 19 décembre 1724. Nommée en hommage à Marie-Thérèse d’Autriche, plus connue sous le nom de Marie-Thérèse d'Espagne (1638-1683). Elle fut la femme de Louis XIV, infante d'Espagne, reine de France et brièvement régente en 1672 lorsque Louis XIV était en guerre contre la Hollande.


Sur la Route Marie-Thérèse.



Croisement Route Marie-Thérèse et Route du Briarée.


Sur la route du Briarée vers le Carrefour de l'Épine.
Arbres remarquables dans la parcelle 701.

Photo de gauche, un merisier. Photo de droite, un frêne, rare en forêt.

 Photo de gauche, un merisiers. Photo de droite, un pommier sauvage.





« Chêne au Bas-Bréau » Claude Monet, 1865, The Metropolitan Museum of Art, New-York.


« Le pavé de Chailly » vers 1860, route qui devint ensuite la Nationale 7, aujourd'hui Départementale 607. Photographie de Gustave le Gray.

« Chêne au Bas-Bréau » Camille Corot, 1832.
The Metropolitan Museum of Art, New-York.

« Chêne au Bas-Bréau » Claude Monet, 1865. 
The Metropolitan Museum of Art, New-York.

« Le Bas-Bréau » photographie de Gustave Le Gray, 1852, Musée d’Orsay.

Le Bas-Bréau par Louis Leroy 1837.

Souvenirs du Bas-Bréau.

Les hêtres blancs et droits élancent haut leur voûte ;
À leur pied la fougère et la mousse au passant
Offrent des lits moelleux où le sommeil descend
Lentement, comme un miel distillé goutte à goutte.

Une lumière, en pluie impalpable dissoute,
Répand sous la feuillée un jour phosphorescent
Où des papillons bruns monte l’essaim dansant,
Où le glauque lézard, tapi dans l’herbe, écoute ...

Aucun bruit, si ce n’est, comme un rire flûté,
Le chant d’un loriot gourmand, mis en gaieté
Par l’espoir d’un hallier plein de cerises mûres.

Partout une ombre fraîche, et là-bas, tout au fond,
Dans l’entrelacement des confuses ramures,
De rares coins de ciel d’un bleu pur et profond.


André Theuriet, « Le Bleu et le noir, poèmes de la vie réelle » 1873.

Portait d’André Theuriet par Paul Chabas.