La Croix de Guise

La Croix de Guise est citée par Dom Guillaume Morin (1) en 1630 et par le Père Dan (2) en 1642, elle est indiquée sur le plan de la forêt dressé Nicolas de Fer de 1697. D’après Paul Domet (3), elle existait déjà en 1616. Elle est située à l'intersection de la l'ancienne Route de Bourgogne D138 et de la Route forestière du Prince.

Croix de Guise, forêt de Fontainebleau
La croix de Guise après sa restauration de 2016.

La charge de Grand Veneur est restée pendant plusieurs générations dans la maison de Guise. Le premier en charge est Claude de Lorraine, premier duc de Guise (1496-1550). Compagnon d’armes de François Ier, il participe à la bataille de Marignan où, malgré ses blessures, il combat avec une grande bravoure. Durant la captivité du roi, à la suite du désastre de Pavie, Claude est conseiller militaire de la reine Louise de Savoie, régente de France.

Croix de Guise, forêt de Fontainebleau
  La croix de Guise avant sa chute de 2016.
 
Claude de Lorraine, premier duc de Guise
Claude de Lorraine, premier duc de Guise par François Clouet.

En 1525, les paysans révoltés en Lorraine sont massacrés par l'armée de Claude de Lorraine, ce qui lui vaut le surnom de « Grand boucher ». À son retour de captivité, François Ier le récompense de sa fidélité en le nommant gouverneur de la Bourgogne et lui offre la charge de Grand Veneur. Après lui, en furent nantis successivement deux de ses fils, François et Claude II. Les petits-fils de ce dernier récupèrent la charge qui reste dans la famille jusqu’en 1602, date à laquelle Henri IV offre la charge de Grand Veneur à Hercule de Rohan duc de Montbazon. Voir Croix du Grand Veneur.

  Claude de Lorraine par François Clouet, Galleria Palatina, Florence.

En 1539, lorsque Charles Quint traverse la France pour châtier les bourgeois insurgés de Gand, le duc de Guise est envoyé à sa rencontre accompagné de 400 hommes à cheval. L'Empereur arrive à Fontainebleau par la Route d'Orléans (voir la Croix de Souvray). François Ier rencontrant à Fontainebleau le duc de Guise entouré de ses six fils, lui déclare : « Mon cousin, vous serez bien défendu contre qui voudrait vous dérober votre cape ! »

Croix de Guise, forêt de Fontainebleau
La croix de Guise en 1923.

Sentant l'hostilité du roi devant cette véritable tribu qui commence à devenir envahissante, les Guise se rapprochent du Dauphin Henri et de sa maîtresse Diane de Poitiers. À la mort de François Ier en 1547, le nouveau roi officialise son rapprochement avec la maison de Guise. Mais Henri II préfère se reposer sur la jeune génération plutôt que de rappeler le vieux duc qui a 51 ans. Claude se retire dans son château du Grand Jardin à Joinville où il s'éteint en 1550. Sa veuve fit édifier un somptueux tombeau dont les bas-reliefs furent fournis par le Primatice, ils sont aujourd'hui conservés au Musée du Louvre.

Le château du Grand Jardin est situé sur la commune de Joinville, dans la Haute-Marne.
 
À l'origine, la croix de Guise ne s'élevait pas au carrefour même, mais à la descente de la route du Mont Andart. Abattue par un fort coup de vent, la croix fut reconstruite en grès en 1736. Démolie en 1793 par la commune révolutionnaire de Fontainebleau, elle est rétablie en bois en 1827 par le baron de Larminat (4). La croix de Guise fut réédifiée en 1913 et en 1927. Fortement délabrée, elle s'est écroulée dans la nuit du 9 au 10 janvier 2016, vraisemblablement pour cause de vétusté. Restaurée, raccourcie de 70 cm, elle a été rétablie le 19 février 2016.
 
Coordonnées géographiques de la Croix de Guise : 48°24'07.4"N 2°45'25.7"E 
Histoire des Croix de la forêt de Fontainebleau

Croix de Guise forêt de Fontainebleau

Croix de Guise forêt de Fontainebleau



Croix de Guise forêt de Fontainebleau
La croix de Guise rétablie le 19 février 2016.

Notes :

1) « Histoire générale des pays du Gastinois, Senonois et Hurpois. »
Dom Guillaume Morin, Paris, Chez la veuve Pierre Chevalier, rue Saint Jacques, 1630. 

2) « Le tresor des merveilles de la maison royale de Fontainebleau. »
Le père Pierre Dan, Paris chez Sebastien Cramoisy, 1642.

3) « Histoire de la forêt de Fontainebleau. » Paul Domet, éd. Hachette, 1873.
 
4) Le baron Jean-Charles Nicolas de Larminat (1777-1840), fut conservateur de la forêt de Fontainebleau de 1815 à 1830 et maire de cette ville pendant douze années.