Une « Carte du tendre » au Rocher des Demoiselles.

Dans le secteur du Rocher aux Demoiselles, tout autour du sentier Denecourt du même nom, le promeneur sera surpris des noms attribués aux routes et carrefours de la forêt. C'est une véritable carte du tendre qui se dessine ici. Nous sommes invités à marcher le long de la route des Filles, puis à traverser le carrefour des Demoiselles, si chère au poète Mallarmé, nous suivons la route de la Tendresse, du Rendez-vous, de la Séduction, puis c'est la route de l'Amour, de l'Embrassade, des Soupirs, du Bonheur ... Mais comme il n'est pas de rose sans épines, voici la route du Faux-Pas, des Pleurs, des Adieux et de l'Oubli.





























La Carte du Tendre

C’est en 1835 que furent nommés nombre de chemins de la forêt. A cette occasion, l’administration forestière dut trouver plus de huit cents noms, voir notre histoire des noms des routes de la forêt. On se plaît à imaginer que les femmes des salons de la bonne société bellifontaine se sont amusées à un jeu littéraire des plus « précieux » en inventant dans cet endroit de la forêt une carte du tendre.

L'expression carte du tendre désigne un exercice de style littéraire inventé par Madeleine de Scudéry (1607-1701). La carte évoque un pays imaginaire, dont les villages, lieux dits, mers et forêt portent des noms de sentiments amoureux, une sorte de géographie galante. C’est dans son roman Clélie, histoire romaine  que figure la première carte du tendre. Le livre fut publié en 10 volumes, de 1654 à 1660.

Gravure de François Chauveau, 1654.
 

Originaire du Havre, Madeleine de Scudéry s’installe à Paris en 1640, sous le règne de Louis XIII. Avec le surnom de Sapho, elle lance son salon littéraire en 1652 et devient la représentante de la préciosité, courant littéraire influent du XVIIe siècle. On doit à ce mouvement, une simplification de l’orthographe, par exemple la supression du « s » qui revenait très souvent dans de nombreux mots. Les Précieux ont aussi inventé divers mots et expressions toujours utilisés, comme : « un billet doux, perdre son sérieux, furieusement, s’encanailler » ...




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